Aller au contenu

Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

caduc, décrépit ? On pourroit dire de moi ce que disoit Mme de Cornuel d’une dame : Je voudrois bien savoir le cimetière ou elle va renouveler de carcasse. Voilà de bonnes raisons pour ne pas quitter l’Angleterre. La plus forte, c’est que le peu de bien que j’ai ne pourroit pas passer la mer avec moi ; il me seroit comme impossible de le tirer d’ici : c’est presque rien ; mais je vis de ce rien-là. Mme Mazarin m’a dû jusqu’à huit cents livres sterling : elle me devoit encore quatre cents guinées, quand elle est morte. Assurément elle disposoit de ce que j’avois, plus que moi-même : les extrémités où elle s’est trouvée sont inconcevables. Je voudrois avoir donné ce qui me reste, et qu’elle vécût. Vous y perdez une de vos meilleures amies : vous ne sauriez croire combien elle a été regrettée du public et des particuliers. Elle a eu tant d’indifférence pour la vie, qu’on auroit cru qu’elle n’étoit pas fâchée de la perdre. Les Anglois, qui surpassent toutes les nations à mourir, la doivent regarder avec jalousie. Soyez assuré, Monsieur, que je suis, etc.