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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/39

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vermeil de Monsieur de Toulongeon, et l’ordre y est excellent ; si les choses continuent, Mademoiselle de Grammont se fait un des bons partis de la Cour ! Sauvez-vous, Seigneur, de tout discours de cette nature : celui qui a soin des allouettes, aura soin de vos enfants. C’est à vous de songer à votre réputation et à vos plaisirs.

Devenez opulent, Seigneur, devenez riche ;
Mais ne vous donnez pas un languissant repos.
Vous pouvez n’être pas en amour un héros,
Que vous ne serez pas, comme un comte de Guiche.
On peut, on peut encore aujourd’hui vous aimer ;
Et, si jamais le temps, à tous inexorable,
Vous ôtoit les moyens de plaire et de charmer,
N’aimez pas moins, Seigneur, ce qui paroît aimable.
Salomon, après vous, ce sage incomparable,
Sur la fin de ses jours se laissoit enflammer,
Et plus il vieillissoit, plus ce feu secourable
Savoit le ranimer.
Waller qui ne sent rien des maux de la vieillesse,
Dont la vivacite fait honte aux jeunes gens,
S’attache à la beauté, pour vivre plus longtemps ;
Et ce qu’on nommeroit, en un autre, foiblesse,
Est en ce rare esprit une sage tendresse
Qui le fait resister à l’injure des ans.
Contre l’ordre du Ciel, je reste sur la terre ;
Et le charme divin
De celle qui me fait une éternelle guerre,
Arrête mon destin.
Du chagrin malheureux où l’âge fait conduire,
Les plus beaux yeux du monde ont droit de me sauver.