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Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/58

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sorte. L’obligation dans laquelle je suis né, me tient lieu de tous les attachements du monde : le devoir a les mêmes charmes pour moi, que les grâces pourroient avoir pour les autres. Presqu’en tous les hommes, la sujétion n’a qu’une docilité apparente : tandis qu’elle affecte un air soumis, elle excite un murmure intérieur ; et sous des dehors humiliés, on tâche à défendre un reste de liberté, par des résistances secrètes. Ce n’est pas en moi la même chose. La nature ne garde rien pour elle en secret, quand il faut obéir : les ordres du roi ne trouvent aucun sentiment dans mon âme, qui ne les prévienne par inclination, ou ne s’y soumette sans contrainte, par devoir. Quelque rigueur que j’éprouve, je cherche la consolation de mes maux dans le bonheur de celui qui les fait naître. J’adoucis la dureté de ma condition par la félicité de la sienne ; et rien ne sauroit me rendre malheureux, puisqu’il ne sauroit arriver aucun changement dans la prospérité de ses affaires[1].

  1. Ni cette lettre, ni les sollicitations de Monsieur le marquis de Lionne, n’eurent aucun effet sur l’esprit du roi, comme on l’a vu dans l’Introduction.