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Page:Abadie - Paroisse Saint-Michel de Bordeaux. Restauration de la tour isolée, 1857.djvu/9

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fices antérieurs à cette époque, et qui appartiennent à la bonne période de l’art gothique, ont été élevés par des artistes français.

Après leur départ, le génie national rendu à lui-même, on voit s’élever dans la Guyenne une quantité assez considérable de monuments. Mais où va-t-on chercher alors des inspirations ? Là où l’art avait été créé, à la fin du XIe siècle ; où il s’était développé, au XIIIe et au XIVe siècles ; mais où il dégénérait, au XVe siècle. Aussi, tous les grands édifices de cette province portent-ils le caractère de cet art déjà vieilli, et ils ne trouvent grâce devant nous que par la grandeur de leur conception, qui en est le seul et véritable mérite.

Cela est vrai ; mais il serait injuste et inhabile de ne pas reconnaître que ce mérite de grandeur et de conception, joint à celui d’une construction puissante, fait la première beauté de l’architecture. Aussi, le clocher de Saint-Michel présentant au plus haut degré la réunion de ces qualités essentielles, fondamentales, peut à juste titre être réputé le plus beau, le plus intéressant des clochers de l’ancienne Guyenne ; le type le plus caractéristique de l’architecture ogivale du XVe siècle, telle qu’elle a été pratiquée dans cette province ; la seule qu’on y rencontre généralement.

À ces derniers titres, il mérite d’être conservé à l’art, dont il est un des spécimens.

Comme objet d’art, il n’appartient pas exclusivement à la ville de Bordeaux ; il est à la France ; il témoigne de la grandeur et de la variété de son génie.

Il serait contraire à tout principe d’équité et de saine raison de laisser périr les édifices remarquables d’une province, sans égard pour leur beauté particulière, et sous le prétexte fort discutable qu’ils ne sont pas de pur style du XIIIe siècle.

La conséquence d’un principe aussi déplorable dans son appli-