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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/102

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combattait plus vivement que de coutume, elle eut recours à son saint : elle lui représenta, les larmes aux yeux, la face en terre et le cœur porté vers le ciel, l’extrême danger où elle se trouvait, lui raconta, avec une candeur et une simplicité merveilleuses, combien inutilement elle s’était défendue et avait fait ses efforts pour réprimer les violents transports qu’elle ressentait.

Elle accompagna sa prière de pénitences et de coups de discipline qu’elle se donna en présence de ce bienheureux pèlerin. Mais, de même qu’on rapporte de lui qu’il ne fut aucunement touché de la beauté de sa femme la première nuit de ses noces et qu’il l’abandonna, le beau corps de cette innocente, exposé nu devant lui, ne fit aucune impression sur son esprit, et les coups dont elle le chargeait si vivement ne le portèrent aucunement à en avoir compassion. Après s’être ainsi déchirée, elle se recommanda de nouveau à ce bon Romain, et se retira comme victorieuse pour aller vaquer avec tranquillité à des exercices moins fatigants.

Agnès. — Ah ! Dieu ! que la superstition fait de ravage dans une âme lorsqu’elle s’en est emparée !

Angélique. — À peine Dosithée fut-elle sortie de sa chambre qu’elle se sentit le corps tout en feu et l’esprit porté à la recherche d’un plaisir qu’elle ne connaissait point encore. Un chatouillement extraordinaire anima tous ses sens, et son imagination, se remplissant de mille idées lascives, laissa