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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/103

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cette pauvre religieuse à demi vaincue. Dans ce pitoyable état elle retourne à son intercesseur, elle redouble ses prières, et le conjure par tout ce que la dévotion peut avoir de plus sensible à lui accorder le don de continence. Sa ferveur n’en demeura pas là ; elle prit encore les instruments de pénitence en main et s’en servit pendant un quart d’heure avec une ardeur la plus folle et la plus indiscrète du monde.

Agnès. — Eh bien ! cela la soulagea-t-il un peu ?

Angélique. — Hélas ! bien loin de là : elle se retira de son oratoire encore plus transportée de l’amour qu’auparavant : Vêpres sonnèrent : elle eut beaucoup de peine à y assister tout au long. Des étincelles de feu lui sortaient des yeux, et, sans savoir ce qu’elle souffrait, j’admirais son instabilité et comme elle était dans un mouvement continuel.

Agnès. — Mais d’où provenait celà ?

Angélique. — Cela était causé par l’ardeur extrême qu’elle ressentait par tout le corps, et surtout aux parties où elle s’était disciplinée. Car il faut que tu saches que bien loin que ces sortes d’exercices eussent été capables d’éteindre les flammes qui la consumaient, au contraire, ils les avaient augmentées de plus en plus et avaient réduit cette pauvre enfant dans un état à ne pouvoir quasi y résister. Cela est facile à concevoir, d’autant que les coups de fouet qu’elle s’était donnés sur le derrière, ayant excité la chaleur dans