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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/136

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Angélique. — Dis plutôt que nous nous moquons d’eux. Aussitôt que nous fûmes arrivés dans ma chambre, le père d’Alios ferma la porte, et donna à Alios, sa fille, en riant, ce paquet de cordes à démêler, ce qu’elle fit ; je reconnus bien que c’était une espèce de fouet (car j’en avais vu ci-devant) composé de cinq cordelettes, nouées d’une infinité de petits nœuds de distance en distance. Eh bien ! ma fille, lui dit-il, c’est avec cet instrument de piété, selon que l’appelle l’Église, que vous vous devez disposer au mariage, puisque l’envie vous en prend ; il doit vous servir de purgation. Le bon père, continua-t-il, nous a ordonné à l’un et à l’autre de nous en châtier nous-mêmes : Je vais commencer, dit-il, et vous me suivrez ; mais que la vigueur avec laquelle je traiterai mon corps ne vous épouvante point ; n’ayez point de peur, et pensez seulement, aussi bien que moi, que, pendant ce saint exercice de piété, mon esprit goûtera des douceurs qui ne se peuvent exprimer.

Agnès. — Alios tremblait, sans doute, d’entendre parler son père de telle sorte ?

Angélique. — Non, et je t’avouerai que je ne croyais pas qu’elle pût avoir tant de force pour supporter, comme elle fit, ce travail si rude et si pénible.

Agnès. — En effet, on dit qu’il n’y a rien de plus fort et de plus constant que la fille, quand elle s’opiniâtre à endurer quelque chose. Elle se surmonte elle-même à supporter avec une fermeté