Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/137

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admirable des peines qui lasseraient les hommes les plus courageux du monde ; je crois que c’est sans doute l’amour qu’elle a pour Rodolphe qui lui inspire à souffrir ce rude exercice. Mais continue, Angélique, à me raconter ce saint exercice ordonné par le père Théodore.

Angélique. — Tu sauras qu’une des tantes d’Alios arriva par aventure dans la chambre, comme Alios et son père allaient commencer cet exercice. Cette tante, qui est fort bigote, voulut bien prendre la place du père d’Alios, disant que ce n’était pas la manière que les hommes fissent de telles entreprises, et que, selon elle, c’était une gloire bien grande de se mettre à la place d’un autre pour exécuter les ordres du bon père Théodore : ce qu’elle fit aussitôt en se déshabillant jusqu’à la chemise, qu’elle releva sur les épaules ; puis, se mettant à genoux, et prenant en main le fouet dont je t’ai parlé : Regardez, ma nièce, lui dit-elle, comme il faut se servir de cet instrument de pénitence, et apprenez à souffrir par l’exemple que je vais vous donner. À peine avait-elle achevé de parler, que j’entendis frapper à la porte ; je l’en avertis. — Je sais qui c’est, dit le père d’Alios, c’est le bon père Théodore, qui vient sans doute pour nous aider dans ce saint exercice ; il m’avait dit qu’il n’y manquerait pas, s’il pouvait obtenir la permission de sortir. Il frappa une seconde fois. C’est lui-même, répéta le père d’Alios. Va, dit-il à sa fille, ouvre-lui la porte promptement. — Com-