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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/146

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tu m’as données ne m’eussent fait changer de sentiment, en me faisant connaître la vérité.

Angélique. — Tu as oublié de me dire si tu approuvais cette conjonction et ce plaisir, ou si tu l’as eu en horreur comme moi ?

Agnès. — Je ferais mal de l’approuver, et quand même je ne dirais mot, la voix fulminante du Ciel me condamnerait, si je l’approuvais. Je te dirai encore ceci avant que de finir. Lucien discute ingénieusement de ces deux points ; il n’en condamne pas un, et il est même difficile de dire auquel des deux il donne la préférence. Divers autres écrivains semblent être du même sentiment ; mais ce qui m’étonne, c’est qu’aucun législateur ne les a défendus : au contraire, ils approuvent toutes les manières imaginables pour prendre le plaisir.

Angélique. — Ah ! ciel ! je suis au désespoir ! Assurément on nous a écoutées, car je viens d’entendre quelqu’un sur les montées. Mais arrive ce qu’il pourra, nous n’avons pas la langue liée ni perdue ; les démentis ne coûtent pas si cher en ce temps-ci, pour en donner à revendre à ceux qui seraient assez hardis de se prévaloir contre nous de cet entretien.

Agnès. — Tu ne te lasses point à causer, et tu ne remarques pas que voilà tantôt la journée passée. Remettons ce que nous avons à dire à une autre fois. Baise-moi, mon cœur.

Angélique. — Ah ! Agnès, je ne me lasserai jamais de ton entretien, tant je le trouve doux et