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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/151

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le moyen, sous cette nouvelle forme, d’entrer dans notre clapier.

Agnès. — Dieu sait quel ravage aura fait ce fin renard, à moins que Pasithée ne l’ait toujours tenu auprès d’elle, car il y a près d’un an qu’il fréquente notre couvent ; il ne se passe point de jour qu’il ne nous vienne offrir ses services, et il me souvient que nous l’avons gardé quelquefois des semaines entières.

Angélique. — Je t’assure aussi qu’il en a bien su profiter, et qu’il n’est pas jusqu’à deux sœurs dolentes qui n’aient éprouvé ses forces. Je sais par expérience que c’est un bon arbalétrier, et je n’ai point vu encore de carme ni de cordelier qui l’égale dans les combats amoureux.

Agnès. — Tu me fais venir l’eau à la bouche, quand je t’entends parler de la sorte.

Angélique. — Je ne crois pas qu’il t’eût oubliée, et que tu n’en eusses eu ta part, sans le malheur qui vient d’arriver.

Agnès. — Je plains ce pauvre malheureux, sans savoir précisément son malheur.

Angélique. — Tu dois plaindre aussi toute la société, qui a perdu beaucoup en perdant ce vaillant champion.

Agnès. — Pour dire le vrai, je me plains moi-même, et je ne serais pas fâchée de savoir, par ma propre expérience, si ce garçon est aussi vaillant que tu le dis. Mais foin de moi ! Je ne puis m’em-