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Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/150

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quand je t’aurai dit ce qui m’est arrivé depuis que je ne t’ai vue, tu seras contrainte d’avouer que j’en sais autant qu’une autre, et que, même en dormant. J’emploie fort bien mon temps. Mais apprends-moi plutôt l’aventure du prisonnier.

Angélique. — Tu connais bien cette grosse fille qui vient quelquefois nous faire service dans le couvent ?

Agnès. — Tu ne veux pas dire Madelon, qui est la servante de madame ?

Angélique. — Non, sans doute. Mais je parle de Marine, cette fille si officieuse, qui est toujours prête à nous venir servir quand nous avons affaire d’elle. Imagine-toi donc que Marine est un jeune homme bien fait qui, brûlant d’amour pour Pasithée, et Pasithée l’aimant jusqu’à la folie, s’est servi de ce déguisement pour s’introduire dans notre couvent et satisfaire son amour.

Agnès. — Raconte-moi, je te prie, toute cette histoire, et n’en oublie pas une seule circonstance. Je sens par avance un plaisir que je ne saurais exprimer. Oh ! le joli garçon que doit être Marine ! Il serait dommage qu’il fût une fille. Il est trop fort et trop nerveux pour participer aux faiblesses de notre sexe.

Angélique. — Tu en jugeras mieux quand tu auras appris tout le reste, que je m’en vais te raconter de fil en aiguille. Tu sauras donc que ce drôle, qui couchait en joue nos jeunes lapines, et qui en voulait surtout à sœur Pasithée, a trouvé