Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/157

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toujours ouverte, elle entra dans cette chambre pour s’éclaircir encore mieux de ce qu’elle appréhendait. L’autre religieuse, qui, comme j’ai déjà dit, attendait Marin à cette heure-là, voyant entrer dans sa chambre une personne en chemise, ne douta nullement que ce ne fût lui-même. Elle le reçut, comme tu peux croire, avec de grands transports de joie, et s’alla d’abord jeter à son cou. Le prétendu Marin, se sentant serré si étroitement par sa rivale, crut que c’était pour faciliter à cet amant le moyen de s’évader, et se dégageant des bras de cette religieuse, elle se mit à chercher son infidèle ; mais ce fut inutilement. Il se fit alors la plus plaisante scène du monde entre ces deux religieuses, chacune d’elles se demandant où est Marin, et aucune ne l’ayant en son pouvoir. Quoi qu’elles eussent toutes deux raison, elles ne laissèrent pas de se quereller. La première crut toujours que Marin était sorti de la chambre tandis que sa rivale la retenait, et cette dernière crut que l’autre, excitée par sa jalousie, avait détourné ce rendez-vous et avait obligé, par sa présence, Marin à se retirer. Ce qu’il y a de plus plaisant, c’est que cette pauvre religieuse, qui attendait son homme à cette heure-là, ne vit venir qu’une femme qu’elle embrassait avec autant d’ardeur que si c’eût été celui qu’elle attendait.

Agnès. — Cela veut dire, en bon français, qu’au lieu d’une dague, elle ne trouva qu’un fourreau ; c’est un étrange quiproquo.