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Page:Abd-Allâh ibn Abd-Allâh - Le présent de l'homme lettré.djvu/16

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(que la bénédiction et le salut soient sur eux tous) est la religion de Dieu.

— Comment faire donc, Monseigneur, demandai-je ?

— Il me répondit : ô mon enfant, il faut embrasser l’Islâm.

— Mais les Musulmans, insistai-je, peuvent-ils sauver celui qui embrasse leur religion ?

— Oui, me disait-il, ils le sauvent dans ce monde-ci et dans l’autre.

— Cependant, Monseigneur, lui fis-je observer, l’homme intelligent choisit pour lui-même ce qu’il a reconnu être le meilleur, puisque donc tu proclames la supériorité de la religion de l’Islâm, qui t’empêche de l’embrasser ?

— Mon enfant, me répondit-il, Dieu m’a révélé la vérité de ce que je viens de te dire au sujet de la supériorité de la religion de l’Islâm et de la grandeur du prophète de l’Islâm, dans ces derniers temps. Maintenant je suis bien vieux et mon corps s’est affaibli. Je ne veux pas dire que cela m’excuse, au contraire Dieu aura raison contre moi. Ah ! si Dieu m’avait conduit vers cette voie alors que j’avais ton âge, j’aurais abandonné toute chose et j’aurais embrassé la vraie religion. Mais l’amour du monde est le principe de tout péché. Tu connais ma position chez les Chrétiens, mon rang élevé, la considération et le respect dont on m’entoure. Eh bien, dès que l’on s’apercevrait en quoi que ce soit, de ma tendance vers l’Islâm, tout le peuple me tuerait à l’instant même. Mais admettons que je réussisse à leur échapper et à me mettre en sûreté chez les Musulmans, voici ce qui se passerait : Je suis venu, en musulman, auprès de vous, leur dirais-je. En entrant dans la vraie religion, me répondraient-ils, tu t’es fait du bien à toi-même, mais à nous tu n’as rendu aucun service. Car par ton entrée dans la religion de l’Islâm tu as échappé au châtiment de Dieu. Après cela je resterais au milieu d’eux, vieillard de 70 ans, pauvre, ne sachant pas leur langue, et condamné à mourir de faim, tandis qu’ils ignoreraient ma position.

Eh bien, grâce à Dieu, je suis resté fidèle à la religion de Jésus et à ce qu’il a apporté, Dieu m’en est témoin.

— Ainsi donc, Monseigneur, lui dis-je, tu me donnes le conseil de me rendre au pays des Musulmans et d’embrasser leur religion ! — Oui, me répondit-il, si tu es bien avisé, cherchant le salut, hâte-toi de le faire, tu gagneras par là ce monde-ci et l’autre. Mais, mon enfant, que pour le moment personne ne soit instruit de cette