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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/106

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La solitude la plus absolue et les mœurs les plus inoffensives ne nous protègent pas, je le sais, contre les calomnies, les noirceurs et les petites infamies de la basse presse. Mais j’ai inventé pour mon repos un système préservatif que je recommande à tous les piocheurs de ma sorte. Vous croyez peut-être qu’il s’agit de jeter les journaux au feu sans les lire, dès qu’on y a flairé la haine ou l’injustice ? Non ; lisez tout : il y a quelquefois des vérités utiles dans les grossièretés du plus indigne ennemi. Mais aussitôt après avoir lu, mettez-vous bravement à l’ouvrage : le remède est souverain, j’en use depuis plusieurs années, et c’est pourquoi les agressions les plus hargneuses ne m’ébranlent plus.

J’ai lu dans les journaux de la semaine dernière le compte rendu d’un doublé baptême qui m’a vivement interessé. Il ne s’agit pourtant ni de filles ni de garçons, mais de deux cloches dont la plus lourde avait M. de la Vallette pour parrain. L’autre est filleule de M. le comte Boudet, député. Elles parlent français et latin, ces deux cloches. Elles disent en français (suivez l’ordre des préséances, et instruisez-vous, bonnes gens !) : « Je date de 1865 ; Pie IX, pape ; Napoléon III, empereur ; Nicolas Joseph Dabert, évêque ; Justin Macerouze, curé ; Ernest Monteil, maire, etc. » Dans l’inscription latine, elles se vantent l’une