Aller au contenu

Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a dans Paris plusieurs milliers de couples bien assortis, honorables, riches, qui dînent en ville six fois par semaine, et donnent à dîner le septième. Les enfants ne vont pas dîner en ville avec leur père et leur mère les enfants ne mangent pas à table lorsqu’on a dix personnes à la maison les enfants dînent à part avec une bonne anglaise (c’est la mode) en attendant qu’ils aient gouvernante ou précepteur. Au moins le déjeuner se passe-t-il en famille ? Rarement. La vie de Paris, à mesure que nous allons, tend à devenir pour les adultes d’un certain rang, une vie nocturne. Les parents se soumettent à ce bouleversement de l’ordre naturel, parce qu’ils ne peuvent l’empêcher, mais presque tous tiennent la main à ce que leurs enfants se lèvent et se couchent aux vraies heures et fassent quatre repas sagement espacés. Cette vieille régularité qui maintenait en joie et en santé les pères de nos grands-pères, nous y avons renoncé pour nous-mêmes, mais nous y soumettons encore nos enfants. Presque tous il y a déjà des exceptions.

J’ai vu de petits bonshommes hauts comme la botte, de petites bonnes femmes grosses comme le poing, se lever tard, veiller jusqu’à minuit, boire du vin de Champagne, et se flétrir, on le devine, avant l’âge de la floraison. Laissons ces tristes phénomènes et revenons au commun des martyrs. On