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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/21

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mérité les censures de l’honorable M. Dupin. Il faut mettre hors de cause, à priori, tout ce qui n’a ou ne gagne pas vingt mille francs de revenu.

Sauf quelques exceptions malheureusement très-rares, un père de famille ne peut plus vaquer lui-même à l’éducation de ses fils : comment trouverait-il le temps d’élever ses filles ? Tout homme en place est absorbé non-seulement par les devoirs de son état, mais par les obligations officielles. Quand vous lisez dans un journal qu’il y a réception le lundi dans tel ministère, le mardi dans tel autre, et ainsi de suite jusqu’au samedi, vous pouvez conclure hardiment que deux ou trois mille pères de famille sortiront de chez eux tous les soirs de la semaine, rentreront tard, longtemps après le coucher de leurs enfants, et se lèveront le lendemain pour courir sans délai où le devoir les appelle. Les grands dîners qui commencent à huit heures, les bals qui finissent au jour, les spectacles, le club, la Bourse, le bureau, le comptoir, les visites de digestion, de politesse ou de brigue, les rendez-vous d’affaires, les promenades d’hygiène ou de vanité au bois de Boulogne : voilà passablement d’obstacles qui s’interposent entre un père et ses enfants. Mais la mère ? Si nous parlons d’un bon ménage, la mère suit presque partout son mari. Et je ne veux pas me donner trop beau jeu en parlant des mauvais ménages.