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Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/41

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qu’elle ne l’a pas rencontrée au Bois, elle a perdu sa journée.

L’hiver dernier, elle a échangé quelques paroles avec Thérésa, dans un concert du plus grand monde ; elle n’en est pas folle « Trop de chien à la clef, » dit-elle, car elle possède tous les argots, sans excepter le javanais. Cette petite merveille a usé trois ou quatre institutrices « qui l’embnuyaient à crever, » c’est toujours elle qui parle ; elle a suivi cinq ans le fameux cours de M. Tourniquet, vieillard inepte, mais consciencieux, qui serine aux petites Parisiennes les dynasties des rois d’Égypte. Elle n’a pas profité, mais pas du tout, et elle s’en vante. « Dame ! si les ministres et les millionnaires étaient au concours, on piocherait peut-être pour avoir le droit de choisir. Mais il n’y a pas d’examens à passer ayant le mariage. Je suis gentille, je porte bien la toilette, et j’ai ma dot : moyennant quoi, je suis sûre d’acheter un homme à ma guise. »

Son choix est fait, ou, pour parler comme elle, elle a fait sa dupe. C’est un homme de quarante ans, bien conservé. Il lui a fait la cour six semaines, tout juste : c’est elle qui a voulu abréger les délais :

« Bah ! nous n’aurons que trop le temps de nous connaître. »

Il a beaucoup vécu, et il se marie pour se ranger.