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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/185

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Lorsque lady Montague passa à Vienne, on prit soin de la mettre au courant des belles manières, et de l’informer que toutes les dames de la cour faisaient choix d’un amant, pour obéir à la mode. L’usage voulait de plus que cet amant, pour montrer sa magnificence et sa tendresse, servît à la dame de ses pensées une petite pension, proportionnée à sa fortune.

Je ne dis pas que cette mode se soit transportée jusqu’à la cour de Grèce ; tant s’en faut. On assure cependant que la plupart des femmes qui manquent à leurs devoirs trouvent fort juste d’être récompensées de leur faute, attendu que la vertu leur est naturelle, et que toute peine est digne de loyer.

Les femmes sont beaucoup plus jalouses qu’en Turquie. La femme du ministre de la guerre apprit l’an dernier que son mari la trompait. Elle se rendit chez Mme ***, à l’heure de la sieste, trouva les portes ouvertes, les domestiques endormis et son mari en faute. Elle entra dans une grande colère, et arracha le bonnet rouge de sa rivale, qui la mordit au sang. L’Excellence prise en défaut se mit en devoir de battre sa femme ; sa femme ouvrit la fenêtre et appela la garde. L’affaire fut assoupie le lendemain, quand toute la ville la sut. Le mari offensé était dans le Magne, occupé, par ordre du ministre, à la poursuite du moine Christophoros. Il apprit tout et ne fit point de scandale. Il aurait pu faire condamner un grand de la terre ; il préféra s’en faire aimer.

Les mœurs du peuple, je le répète, sont plus pures, et le pauvre ne suit pas l’exemple du riche. Cependant