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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/197

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d’enfants de fonctionnaires : peu s’en est fallu que le royaume ne perdît dans ce naufrage un quart du personnel de l’administration. On l’aurait aisément remplacé :

Il est assez de cette marchandise.

Les employés grecs trouvent aussi naturel de faire leurs affaires aux dépens de notre gouvernement qu’aux dépens du leur. La France s’est toujours montrée si généreuse ! Tel ministre plénipotentiaire n’hésitait pas à chauffer un bateau à vapeur pour transporter un député soi-disant dévoué à la France. Aujourd’hui ces abus ont disparu, et, lorsque nos bateaux à vapeur transportent un agent du gouvernement, c’est à la prière du roi et pour affaire pressante. Tandis qu’on discutait à la conférence de Londres la question de succession, le roi eut besoin d’envoyer à Trieste un employé du ministère des affaires étrangères. On choisit un jeune homme d’une grande famille phanariote, et M. le ministre de France permit qu’il se rendît à destination sur un de nos bateaux à hélice, bon marcheur et bien commandé, le Chaptal. Le Chaptal était entré dans l’Adriatique lorsqu’il survint un gros temps. Le diplomate grec fut pris d’une terreur que l’on ne peut comparer qu’à celle de Panurge. « Holos ! Holos ! Je naye ! vrai Dieu, envoie-moi quelque dauphin pour me sauver en terre comme un beau petit Arion ! Bebebebous, bebe, bous, bous ! Commandant, débarquez-moi, je vous en supplie, où vous voudrez, pourvu que ce soit à terre. — Fi ! qu’il est laid le pleurard ! répondait le commandant Poultier, homme aussi hardi, aventureux et