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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/22

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LA GRÈCE CONTEMPORAINE.

capitale et qui voyage avec des seigneurs étrangers. Antonio tient l’enfant sur les fonts de baptême, embrasse son compère, jure de ne l’oublier jamais, et tient sa promesse. Chaque fois qu’il repassera par le village, c’est chez son compère qu’il viendra loger, eût-il dix seigneurs avec lui ; il s’installera dans la maison du compère, brûlera le bois et l’huile du compère, et fera les honneurs comme s’il était chez lui, sans payer : d’ailleurs le compère n’accepterait pas un sou du parrain de son enfant. Antonio a semé tant de filleuls sur son chemin qu’il loge ses voyageurs pour rien, et qu’il peut les prendre au rabais. Il nous offrit de nous faire parcourir la Grèce à quinze francs par jour ; mais à aucun prix nous ne voulions être la propriété d’un courrier et une chose qu’on promène. Antonio se retira, le sourire sur les lèvres, en nous priant de penser à lui quand nous voudrions acheter des vases antiques, des médailles, ou quelques livres de miel de l’Hymette.

Je ne sais rien de plus charmant que les préparatifs d’un voyage, lorsqu’on est soi-même son pourvoyeur et son courrier. Trois jours avant le 1er mai, j’avais couru la ville avec Petros pour acheter des assiettes, des couverts, des casseroles, une énorme gourde pour le vin, deux longs bissacs en poil de chèvre pour le pain, deux grands paniers d’osier pour la vaisselle et les provisions. Chacun de nous s’était muni d’une large coupe de cuivre, ciselée à la turque, que l’on porte pendue au cou dans un étui de maroquin. La veille du départ, je m’étais fait apporter les provisions de bouche ; j’avais eu soin d’acheter une dizaine de pains ; car le pain ne se trouve