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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/23

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LE PAYS.

guère que dans les villes, et celui d’Athènes est le meilleur. J’avais fait rouler soigneusement nos lits, dont la simplicité ferait peur à un soldat d’Afrique.

Nous n’emportions pas d’armes. J’aurais bien voulu prendre mon fusil : on m’en dissuada énergiquement. « Que voulez-vous en faire ? me dit-on ; chasser ? vous n’aurez pas le temps. Quand vous aurez fait dix heures de cheval dans votre journée, vous ne songerez qu’à souper et à dormir. Si vous voulez vous armer contre les brigands, vous avez doublement tort. D’abord, vous n’en rencontrerez pas. Si quelque homme de mauvaise mine vous arrête au détour d’un chemin, ce sera un gendarme qui vous demandera l’heure qu’il est et une poignée de tabac. Mais je suppose que vous tombiez sur le passage des brigands ; votre fusil ne servirait qu’à vous faire tuer. Les brigands de ce pays-ci ne sont pas des héros de théâtre, qui aiment le danger et qui jouent avec la mort, mais des calculateurs habiles, des spéculateurs de grand chemin, qui se mettent prudemment dix contre un et ne risquent une affaire qu’à coup sûr. Vous vous apercevrez de leur présence quand vous aurez trente canons de fusil braqués sur vous. En pareil cas, le seul parti à prendre, c’est de descendre de cheval et de donner consciencieusement tout ce qu’on a ; ne vous exposez pas à donner votre fusil. » Je me laissai convaincre à ce raisonnement. Notre seule précaution fut de demander un ordre du ministre de la guerre qui mettait à notre disposition tous les gendarmes dont nous pourrions avoir besoin.

Enfin, le 1er mai, à cinq heures du matin, on vint nous annoncer que nos chevaux et nos hommes