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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/361

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grand air que les gamins accoururent plus d’une fois en criant sur son passage : ils la prenaient pour la reine. La reine ne lui pardonnera jamais ces méprises-là.

Le public n’a pas d’autre promenade attitrée que la route de Patissia. On va s’y montrer en hiver de trois heures à cinq ; en été de sept à neuf. En hiver, les seuls jours où elle reste déserte sont les jours de vent du nord : il serait presque impossible de marcher contre le vent jusqu’au village. C’est un véritable courant que je me suis amusé quelquefois à remonter, après m’être enveloppé de deux manteaux. Arrivé à Patissia, on n’a plus qu’à tourner le visage vers Athènes : le vent se charge de vous y porter.

À la sortie de la ville, à droite de la route, s’étend une plate-forme nue dont le sol est une sorte de macadam naturel. Le seul ornement de cette place est une petite rotonde de bois qui peut abriter vingt personnes. C’est sous le toit de ce modeste monument que la musique s’établit tous les dimanches. Le peuple fait cercle à l’entour pour écouter ; le roi et la reine viennent au milieu du cercle donner le spectacle à leurs sujets.

La musique est une fête hebdomadaire pour toute la population d’Athènes. Il faut que le temps soit bien épouvantable pour qu’un dimanche se passe sans musique. C’est à la musique qu’on peut voir la réunion de toutes les classes de la société, depuis les personnes de la cour jusqu’aux pauvres loqueteux et mendiants. Dès trois heures en hiver, dès six heures en été, un piquet de soldats arrive sur la place.