Aller au contenu

Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maîtres ni les gens, ils entrent dans la première chambre qui se rencontre ; si la chambre est déserte, ils se font quelquefois l’aumône eux-mêmes.

Le long de ce fossé qui traverse la ville nouvelle, on voit en toute saison un certain nombre d’aveugles assis sur leurs talons. Du plus loin qu’ils entendent venir un passant, ils crient à toute voix : « ayez pitié de nous, Effendi ! Faites-nous l’aumône, Effendi ! » Les soldats, les ouvriers, les domestiques passent rarement devant eux sans leur donner un centime. En Grèce, comme partout, les pauvres sont plus généreux que les riches.

J’ai trouvé beaucoup d’aveugle mendiant, et point d’aveugles poëtes. La Grèce n’a plus d’Homères. Et pourquoi faire en aurait-elle ?

Les mendiants des villes sont des heureux de la terre, si on les compare aux paysans de certains villages.

Nous venions de faire une visite au temple d’Apollon secourable, dans les montagnes les plus stériles de l’Arcadie, lorsque Leftéri nous conduisit au village albanais de Pavlitza.

C’est un village qui meurt de faim ; on n’y mange de la viande qu’à Pâques ; on n’y mange jamais de pain. Les habitants n’ont pas même cet horrible pain de maïs qui, le premier jour, n’est qu’une pâte épaisse, et qui tombe en miettes le lendemain ; qui vous étouffe quand il est frais, et vous étrangle lorsqu’il est sec : ils ne se nourrissent que d’herbes et de laitage.

Lorsqu’on apprit notre arrivée, tout le peuple fut en émoi. « voici des Francs ! » c’est-à-dire voici un peu d’argent.