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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/398

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allait se joindre aux acteurs, un acteur rentrait dans la foule des regardants.

Pour se bien représenter ces danses des Grecs, il faut oublier complètement ce qu’on a vu dans les autres pays. En France et partout, on danse par couples : un homme engage une femme, elle accepte, et les voilà pour quelques minutes, souvent pour quelques heures, compagnons et associés de plaisir. On cause ensemble, on se donne le bras, on s’assied côte à côte, et dans la valse, l’homme et la femme, étroitement enlacés, s’enivrent de musique, de mouvement, et surtout s’enivrent l’un de l’autre. C’est ce qui fait que quelques moralistes sévères grondent contre la danse ; qu’on ne mène les filles au bal que lorsqu’on songe à les marier, et que les mamans de province défendent la valse à leurs demoiselles.

À Kerésova, M. Alphonse Karr lui-même avouerait que le bal est un plaisir innocent. Cette danse des Grecs, qui est la même dans tout le pays, quoique les femmes n’y soient pas admises partout, est un divertissement pris en commun, et non pas deux à deux. Pierre ne danse pas avec Marguerite : tout le village danse avec tout le village. Quinze ou vingt hommes se tiennent par la main ; autant de femmes, attachées de la même manière, viennent à la suite ; puis les petites filles, les petits garçons, tous les enfants en âge de se dresser sur leurs jambes, forment la queue de ce long serpent qui tourne sans cesse sur lui-même sans jamais se rejoindre.

Au milieu du cercle était la musique, composée d’un tambourin à la voix sourde et de trois de ces flageolets qui imitent la forme d’une clarinette et