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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/76

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ce qu’on avait fait pour eux. Beaucoup de philhellènes étaient morts ; quelques-uns retournèrent dans leur patrie ; les autres demeurèrent en Grèce : on le leur permit. Ils forment la troisième des catégories désignées dans la loi sur les hétérochthones.

L’homme le plus remarquable et le plus apparent de cette vieille troupe est un Français, M. Touret. Il était, si je ne me trompe, sous-lieutenant de hussards lorsqu’il abandonna la France. Il est aujourd’hui colonel, directeur de l’hôpital militaire, chargé de l’inspection de la comptabilité de l’armée, et décoré d’une multitude d’ordres : mais il est resté jusqu’au bout sous-lieutenant, hussard et philhellène. Dans un pays où la mémoire des bienfaits se perd vite, il s’est fait le prêtre de la religion des souvenirs. Ce grand vieillard, plus vif, plus svelte, et plus infatigable que les jeunes gens, est la personnification vivante de la guerre de l’indépendance. Tant qu’il vivra, les Grecs auront beau faire pour oublier les services qu’ils ont reçus, le colonel se charge de les leur rappeler. Il a construit, dans une église de Nauplie, un monument à ses frères d’armes : un monument de bois, dans la patrie du marbre ; un monument qui pourrira avant dix ans ; mais, si le colonel est encore de ce monde, il en fera faire un autre à ses frais. C’est le colonel Touret qui a forcé la municipalité d’Athènes à donner à une rue le nom de Fabvier : il y a tout juste deux ans qu’il a obtenu cette tardive satisfaction : chez les Grecs d’aujourd’hui, la vengeance a les pieds agiles, et c’est la reconnaissance qui est boiteuse.

Il est probable que, si le colonel Touret était retourné en France avec Fabvier, il serait général au-