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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/84

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prête vie. L’exaltation de ses idées et la singularité de sa foi n’ôtent rien à la finesse de son esprit ni à la solidité de son jugement dans les choses ordinaires, ni à la fidélité de sa mémoire, qui va jusqu’à réciter les longues tirades de vers moraux qu’on lui a fait apprendre dans son enfance, et les petites histoires de la cour impériale qu’elle n’a pas pu s’empêcher d’écouter dans sa jeunesse. Son caractère est entier comme celui de peu d’hommes, sa volonté inébranlable, ses inimitiés constantes, son amour de la vie extrême, sa prudence toujours éveillée. Cinq ou six gros chiens capables de dévorer un homme, et qui l’ont prouvé, sont ses gardes du corps et ses meilleurs amis. Elle est riche : ses revenus, tant en France qu’en Grèce, s’élèvent à près de trois cent mille francs ; elle a hypothèque sur les plus belles maisons d’Athènes, et de grands personnages lui adressent des pétitions pour lui emprunter de l’argent. Elle est libérale par accès, mais seulement envers les riches, et non sans quelques velléités de reprendre ses dons. Sa fortune, dont la moindre part placée en aumônes mettrait toute la ville à ses pieds, se dépense en constructions bizarres, qu’elle laisse inachevées, à dessein, dit-on, et par une crainte superstitieuse de mourir lorsqu’elle aura terminé quelque chose. Son jardin d’Athènes, immense et traversé par l’Ilissus, est un désert qu’elle entretient soigneusement pour empêcher qu’il n’y croisse des arbres. Elle habite une maison ébauchée, isolée, démeublée et déserte, lorsqu’une vie confortable, une société choisie, cinq ou six amis dévoués (au prix où sont les amis), et l’adoration pu-