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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/85

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blique, ne lui coûteraient pas cent mille francs par an. Cette femme extraordinaire, qui vit et qui mourra malheureuse, quoiqu’elle ait plus d’esprit, d’argent et de vertu qu’il n’en faut pour être heureux en ce monde, est Mme Sophie De Barbé-Marbois, duchesse de Plaisance.

La duchesse aime les nouveaux visages, et tout homme qui met des gants peut hardiment se présenter chez elle : il sera le bienvenu. Elle le promènera dans sa voiture, en compagnie d’un chien ; elle l’invitera à dîner à sa maison du Pentélique, en compagnie d’une meute. Il est vrai que ces fusées d’amitié s’éteignent vite ; mais tous les étrangers qui ont passé par Athènes se sont donné le plaisir d’en allumer une. À quelques semaines de distance, la duchesse m’a présenté au premier sculpteur du siècle, M. David d’Angers, et je lui ai conduit Théophile Gautier. Les femmes aussi ont part à cette bienveillance de passage : la princesse Belgiojoso a reçu l’hospitalité chez la duchesse ; et ce n’est qu’au bout de plusieurs jours d’intimité que ces deux personnes extraordinaires ont commencé à se haïr.

La seule femme qui ait inspiré à la duchesse une amitié durable, c’est Janthe.

Je confesse, avant tout, que je n’ai pas le droit de désigner Janthe par son nom de baptême. Si je la traite si familièrement, c’est que ce nom est le seul qui lui reste de tous ceux qu’elle a portés. Elle a pris et perdu successivement le nom de lady E…, de baronne F… et de comtesse T… ; et, quoique le comte T…, le baron F… et lord E… soient vivants tous les trois, Janthe aujourd’hui s’appelle Janthe, et rien de plus.