Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/89

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Il ne faut pas croire cependant qu’elle n’ait aimé que les puissances. Dans un séjour qu’elle a fait à Bade, elle s’est liée avec un proscrit français que nous avons vu à la tête d’un ministère depuis 1848. En ce temps-là, elle parlait et écrivait déjà fort bien le français et l’allemand. Aussi le roi de Bavière la maria-t-il dans ses États au baron de F…, dont elle eut deux enfants. Mais elle rencontra dans un bal le comte T…, héritier d’une des plus anciennes familles des îles Ioniennes. Le comte T…, comme tous les héritiers de ce pays-là, ne possédait qu’un beau nom et une jolie figure ; mais il portait si élégamment le bonnet grec et le jupon traditionnel, que Janthe s’aperçut aussitôt que les Allemands étaient trop laids. Elle commanda des chevaux, et partit le soir même avec le comte. On prétend que le pauvre baron F…, qui revenait d’un petit voyage, se croisa avec la chaise de poste qui emportait sa femme : mais il refusa de croire le témoignage de ses yeux. Il ne pouvait admettre que la baronne eût quitté le domicile conjugal, puisqu’il avait la clef dans sa poche.

Janthe s’était fait enlever, mais à bonne intention, et pour contracter un mariage légitime. Elle renvoya au baron la foi qu’il lui avait donnée ; et, pour pouvoir épouser son cher comte, elle embrassa la religion grecque. On sait que les Grecs baptisent par immersion : c’est ce qui les autorise à nous appeler chiens mal baptisés. Ils aiment l’empereur de Russie parce qu’il est un chien bien baptisé. La comtesse se fit baptiser dans une baignoire.

Après quelques années de bonheur, elle remarqua