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Page:About - La Grèce contemporaine.djvu/90

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que la plupart des Grecs portaient des jupons blancs et des bonnets rouges, et qu’ils avaient au moins aussi bonne tournure que son mari. Elle fit une pension très-convenable au comte, qui s’en alla vivre en Italie. Pour elle, elle resta en Grèce, et fit quelques voyages en Turquie. Elle parle assez bien le grec et le turc. Sa maison était alors le rendez-vous des jeunes gens aimables d’Athènes ; on y vivait à la française, et on y dansait quelquefois.

Mais, dans un voyage qu’elle fit au nord, elle traversa la petite ville de Lamia. Le général commandant la place était un de ces héros de la guerre de l’indépendance, demi-soldats, demi-brigands, que le gouvernement est forcé d’employer, pour n’avoir pas à leur couper la tête. Ce galant homme s’appelle Hadji-Petros : il est bon cavalier, il a la taille fine, il se dandine en marchant et porte le plus légèrement du monde les soixante-dix ans qu’il a sur la tête. Ces Grecs du bon vieux temps ne sont pas dépourvus d’une certaine grâce. Ils s’habillent tout en or pour montrer des chevaux harnachés d’argent. Ils parlent peu, n’ayant que peu d’idées à débourser. Tout ce qu’on peut leur reprocher, c’est de manger de l’ail et d’ôter leurs babouches par contenance, pour prendre leur pied dans la main.

Lorsqu’elle vit Hadji-Petros dans sa gloire, Janthe s’imagina qu’elle était née Pallicare : le lendemain elle régnait sur Lamia. Toute la ville était à ses pieds, et lorsqu’elle sortait pour faire sa promenade, les tambours battaient aux champs. Cette femme délicate vécut avec des soudards, courut à cheval dans la montagne, mangea littéralement sur le pouce, but