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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/330

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et ces gloires à leur tour viennent rehausser, en s’y ajoutant, l’éclat trois fois séculaire de votre illustre Compagnie.

Pasteur avait sa place marquée chez vous. Mais de telles élections, pour garder tout leur sens, veulent être rares : ce sont, comme on aurait dit autrefois, des élections « de magnificence ». Fidèles à la pensée de votre grand fondateur, c’est entre les écrivains, les orateurs, les poètes, que vous vous recrutez d’ordinaire. Vous avez même souvent eu le soin d’appeler parmi vous des grammairiens ou des philologues, c’est-à-dire des hommes voués à l’étude de cette langue française qui doit trouver ici son foyer le plus actif, le plus pur et le plus brillant. La tradition, plus d’une fois interrompue, l’avait été de nouveau lors de l’élection de Pasteur, qui remplaça notre grand lexicographe Littré. Vous avez voulu la reprendre, et vous avez ainsi donné à ma vie de travail un couronnement dont je vous remercie avec émotion et pour moi-même et pour les études auxquelles je me suis consacré. En ce temps où le point de vue historique s’impose à tant de sujets qui autrefois ne semblaient point le comporter, vous avez trouvé bon qu’il fût représenté dans vos délibérations sur la langue, ce produit historique s’il en est. C’est ainsi que je me trouve appelé, par une succession où apparaît bien la libre variété des mobiles qui dirigent vos choix, à vous parler, moi simple ouvrier dans l’atelier des sciences historiques, du plus grand maître ès sciences naturelles qu’ait vu notre temps. La tâche est glorieuse, mais elle est lourde : si elle n’est pas remplie comme elle mériterait de l’être, vous n’aurez, Messieurs, à vous en prendre qu’à vous-mêmes.