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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/365

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tère, sans s’attrister du blâme des gens de bien et comprendre les sourires moqueurs, elle rejette le joug importun du devoir, voulant vivre et mourir en douce émulation d’amoureuse ivresse, avec son ami tant aimé. L’honneur, si c’en est un, d’avoir forgé ce conte et inventé les lieux communs de morale indifférente

Que Wagner réchauffa des feux de sa musique,

appartient à la race celtique ; vous l’affirmez. Je ne fais à vos preuves aucune difficulté. Je n’y vois rien cependant de commun avec ce que, dans une autre académie, on exige d’une démonstration.

Cette épopée celtique, dites-vous, morte elle-même en créant sa postérité, a charmé tout le moyen âge ; la poésie moderne est imprégnée de son esprit, elle lui doit deux de ses éléments essentiels, l’aventure et l’amour, c’est-à-dire la recherche du bonheur.

En tout temps. Monsieur, en tout pays, les hommes de toutes les races ont recherché le bonheur. Saint Alexis est une exception. L’amour a embelli l’âge d’or, consolé l’âge de fer, et enchanté l’âme de tous les poètes. Vingt siècles avant Yseult aux blonds cheveux, l’admiration des Grecs pardonnait à la belle Hélène, sa sœur aînée et son charmant modèle.

Votre aimable livre : Penseurs et Poètes, est digne des nobles esprits que vous savez louer en les faisant connaître. Le portrait de James Darmesteter est tracé avec émotion, j’hésite à dire avec habileté, il n’en faut pas dans ces hautes régions. Tout vous a captivé, et ce n’est pas merveille, dans ce penseur éminent de récente mémoire, dé-