Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/452

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tique où Dumas a successivement réclamé le rétablissement du divorce, la recherche de la paternité, la parfaite union des âmes dans le mariage, fondée sur le libre choix des époux. Sur le premier point, il a eu gain de cause ; le divorce a été rétabli et, malheureusement, nous sommes forcés de reconnaître que si la rupture du lien conjugal est devenue plus facile, le nombre des mauvais ménages n’a pas sensiblement diminué. L’admission de la recherche de la paternité, toute rationnelle et légitime qu’elle paraisse, nous apporterait peut-être les mêmes déceptions. Quant au troisième point, le mariage d’amour substitué au mariage de convenances, c’est une de ces réformes indépendantes des lois, qu’un changement dans les âmes et les mœurs rend seul possibles. Mais tous ceux qui ont souci de notre relèvement moral applaudiront à ce desideratum que l’auteur du Fils naturel résume en ces termes par la bouche d’Aristide Fressard : « Se marier quand on est jeune et sain, choisir une bonne fille honnête et saine, l’aimer de toute son âme et de toutes ses forces, en faire une compagne sûre et une mère féconde, travailler pour élever ses enfants et leur laisser en mourant l’exemple de sa vie : voilà la vérité. Le reste n’est qu’erreur, crime ou folie. » Oui, Messieurs, le fiancé choisissant librement sa fiancée, l’épousant sans souci de la dot et luttant courageusement pour assurer la sécurité de sa nouvelle famille, c’est ce qui se pratique encore chez nos voisins d’Angleterre et d’Allemagne ; c’est ce qui se passait le plus souvent chez nous à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, ainsi qu’on peut le voir dans les Mémoires du temps. Le mariage d’argent n’était que