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Page:Académie française - Recueil des discours, 1890-1899, 2e partie, 1900.djvu/453

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l’exception. On avait coutume de s’épouser par amour comme Ampère et Julie, comme Guizot et Pauline de Meulan, et c’est cette coutume qui fit alors la vertu et la force de l’ancienne bourgeoisie. Le jeune homme recherchait une fiancée, non parce qu’elle était riche, mais parce qu’elle était aimable ; la jeune fille épousait son fiancé, non pour obéir aux convenances, mais parce qu’il avait gagné son cœur. Quand on parle de ces choses-là aujourd’hui, cela a l’air d’un conte de fées, et cependant il serait à désirer pour la société française que ce conte redevint une réalité. Cette nécessité de rendre la dignité au mariage par un retour aux conditions essentielles de l’union entre l’homme et la femme, a été une des théories chères à Alexandre Dumas et on doit lui savoir gré d’avoir combattu jusqu’au bout pour la faire triompher.

Il fut un des vaillants écrivains de notre temps et ne se lassa jamais de travailler à ce qu’il estimait être le devoir de l’homme de lettres, « qui lui aussi a charge d’âmes ». Loin de se reposer après le succès de Francillon, il méditait une comédie : Les Nouvelles Couches ; il écrivait les premiers actes d’un drame psychologique où dominait une âme de femme impénétrable et mystérieuse comme le sphinx qui se dresse sur le chemin de Thèbes. Cette pièce, La Route de Thèbes, est restée inachevée et un pieux respect des dernières volontés de l’auteur ne nous permettra pas malheureusement de la connaître. Pendant l’été de 1895, dans sa propriété de Puys, il en cherchait le dénouement. Plein de verdeur, ayant à ses côtés une compagne aimante et aimée, deux filles qu’il adorait, il trouvait dans leur affection et dans les joies du travail une sorte de rajeunisse-