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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/102

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LUC

Oh ! oui, Julien se trouve seul ! S’il a mêlé à la joie de Luc sa joie navrée en apprenant le choix de Déah Swindor, c’est qu’il craignait déjà de contrarier la légitime fierté de l’enfant. Julien sait ce qui guette le petit comédien ; et son cœur est ulcéré pour ce qu’il se sent d’impuissance, désormais, à lui offrir aucune joie. Feront-elles leur pâture de ce joli corps aimable que n’osent pas même effleurer ses lèvres tremblantes ! En feront-elles leur pâture, les gouges des théâtres enflées d’une méchante vanité de femelles ! Les femelles hideuses qui, pour de l’or, vendent le stupre de la peau qu’elles refusent aux supplications des pauvres grands gosses de vingt ans ; les pauvres grands gosses énamourés, abandonnés dans le couloir d’un hôtel où ils se tuent pour la gouge qu’une ville entière adule en se vautrant dans le ruisseau… Et comment ne serait-elle pas dans le ruisseau, cette ville, puisqu’elle se veut abaisser devant la gouge et que la gouge ne s’élève pas au-dessus du trottoir !

Oh ! Lucet, Lucet, là-dedans ! Les loges, les coulisses, le régisseur, les figurants, la tristesse de ces dessous misérables enviés du public ignorant ; les veuleries de filles hargneuses, les chamailleries des cabotins jaloux, la gloire de clinquant, la réalité de misère qui geint, grince sur les poulies et les tambours des treuils, et pleure le long des fils sur quoi s’enlèvent les ciels peints et les palais de carton !  !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Et dans l’opulence calme de son atelier tendu de pourpre, dans lequel pénètrent obliquement, avant de disparaître, les derniers rayons du soleil, l’esseule-