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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/204

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LUC

pour sauvegarder les lois naturelles, aux jours de sortie, « le lupanar à côte du gymnase » ? Et l’officine de l’apothicaire, et la clinique du carabin peut-être aussi ! Pour que l’on jette entre les bras de tes demi-vierges des demi-mâles, et que les épouses par eux avariées fassent, pour succéder aux tartuffes qui’précédèrent ces époux, des défenseurs scrofuleux de ta morale égoïste !

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Encore, Nine ne s’inquiète de l’outrage (!) fait à son sexe que par jalousie. Maintenant qu’elle a vu, elle appréhende tout de même l’étroite amité de Julien et de Luc ; mais ce n’est pas, cela, révolte de sa raison ou de ses sens, c’est éveil de sa jalousie et de son besoin de posséder à elle seule.

Elle relit les lettres de Chérubin, si câlines, si perverses et si tendres, et la certitude s’ancre en elle que ce gamin fragile et robuste n’est possédé que d’un seul amour, le sien.

Elle ne songe même pas à craindre, pour cet amour éthéré, la promptitude d’une réalisation physique ; là encore, les lettres de Luc témoignent d’une impatience trop vive, de désirs poussés jusqu’au malaise. Donc la joie leur sera sans égale, à lui comme à elle, d’éteindre un moment ces désirs dont la flamme renaîtra plus belle et plus merveilleuse… Ensuite…

Nine ne pense à rien au delà, pas même à Julien qui l’aime…

Nine ne pense pas au delà… Elle demeure sur cette angoissante sensation : Luc passe auprès d’elle ; elle peut le prendre, elle peut le perdre irré-