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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/36

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LUC

conçut de ne recevoir pas également les adulations de celui-ci, par l’étonnement heureux de trouver enfin celui dont elle devait désirer les hommages gardés par une réserve sans arrogance, mais un peu fière et sans doute indifférente. Déah éleva jusqu’à ses yeux retravaillés au pinceau son face-à-main d’écaille blonde inscrutée de diamants et fixa le petit chanteur. Son geste voulait dire : « Qui est celui-là ?… » Un des organisateurs devança l’interrogation, il présenta :

— Luc Aubry, que nous appelons aussi Lucet, — dit-il en prenant l’adolescent par les épaules, gentiment, — le petit soliste de notre maîtrise paroissiale, singulièrement honoré dans son jeune talent par votre présence, Madame.

Lucet, ainsi nommé, s’inclina dans une jolie attitude dont le respect gagna en surface ce qu’il négligeait en profondeur. Déah s’en aperçut. Elle voulut bien quitter son face-à-main et fixa sur l’adolescent aux beaux yeux pâles ses regards caressants. La peinture langoureuse de ses lèvres s’étira en un sourire charmé. Elle tendit la main d’un geste brusque, un peu tragique, mais qui laissait deviner une sympathie acquise soudain, et retint la main menue et déliée que Lucet abandonna parmi les orfèvreries de la sienne. Elle voulut bien murmurer, après un petit gémissement approbateur, en mangeant sa lèvre inférieure et sans faire trop direct son compliment :

— … Il est gentil !…

C’est vrai que Lucet était gentil !

Il était brun, avec de larges yeux vert sombre d’un velours débordant de curiosité. Il y avait en tout lui cette grâce puérile que l’on rencontre en Italie chez