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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/76

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LUC

Déah Swindor l’avait pressenti. Lucet va la suivre, se faire, comme elle cabotine, cabotin.

Un jour, Luc Aubry, qui déjà possédait tout Molière, tout Racine et tout Corneille et avait travaillé ardemment le répertoire lui seul à peu près, entra à la salle des Capucines où le vieux père Rolant, ex-sociétaire de la Comédie-Française, dans un cours dominical recrutait ses élèves. Le maître fut séduit par cette jeune figure éveillée et jolie, par l’élégance naturelle de l’attitude et des gestes. Il grommela, dans le bleu ras et gras de son quadruple menton de César obèse, un compliment un peu raide de vieux brûleur de planches, imaginant que les seize ans annoncés par le clair visage de Luc Aubry ne se pouvaient que féliciter d’une telle impression condensée en une telle expression. Ses gros yeux ardoise, veules, à fleur de sa tête d’imperator poussif, s’étaient ragaillardis soudain à voir les jeunes yeux vifs et spirituels du nouvel arrivé.


Rolant, dans ces cours du dimanche, ne livrait pas les secrets de son enseignement. Il se bornait à lire, avec un art parfait, un acte ou une piécette, après quoi ses élèves jouaient quelques scènes classiques. Tous se retrouvaient ensuite, le soir, rue de Navarin chez le vieux professeur. C’est là que Rolant engagea Lucet à l’aller voir après une audition dont l’ex-sociétaire resta émerveillé.


Ce ne fut pas une des moindres surprises du jeune homme, ce cours de déclamation, installé dans un vaste atelier de peintre enfoui sous des verdures assez