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Page:Achille Essebac - Luc.djvu/91

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LUC

que Messaline se fût pâmée sous la virilité de son corps d’éphèbe vierge… Il était la vaillance et la douceur ; la passion irrésistible et l’invincible vertu ; la sérénité juvénile du philosophe futur et la majesté de la chair désirable et désirée ; Sophocle, Antinoüs, Ganymède, Elagabale, César, Pharaon, Basileus…

Ainsi vêtu, quand les bijoux froids plaquaient de joailleries la juvénilité tiède de son corps à peine caché sous de légers voiles, Julien exigeait qu’il scandât les vers des Poèmes Antiques et des Poèmes Barbares, et Musset, et Hugo, et Baudelaire…

À l’abri du feuillage et des fleurs et des herbes,
          D’huile syrienne embaumé
Il repose, le Dieu brillant, le Bien-aimé,
          Le jeune Homme aux lèvres imberbes.
Autour de lui sur des trépieds étincelants,
          Vainqueurs des nocturnes Puissances,
Brûlent des feux mêlés à de vives essences,
          Qui colorent ses membres blancs ;
Et sous l’anis flexible et le safran sauvage,
          Des Eros, au vol diligent,
Dont le corps est d’ébène et la plume d’argent,
          Rafraîchissent son clair visage.
Sois heureuse, ô Kypris, puisqu’il est revenu,
          Celui qui dore les nuées !
Et vous, Vierges, chantez, ceintures dénouées,
          Cheveux épars et le sein nu.
Près de la mer stérile, et dès l’aube première,
          Joyeuses et dansant en rond,
Chantez l’Enfant divin qui sort de l’Akhérôn,
          Vêtu de gloire et de lumière !

(Poëmes antiques).

La voix délicieuse de Luc, nue comme Adonis, et ruisselante, eût-on dit, des mêmes orfèvreries dont

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