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LUC

était l’albe tiédeur de sa chair caressée, la voix adolescente s’épandait en fluides harmonies, s’infléchissait et, sous la vague lumineuse des mots, scintillait de gouttelettes éparses… et le beau mouvement du corps, jusque dans les ondes musicales du verbe adolescent, affirmait son ineffable splendeur…

L’un par l’autre les jeunes hommes s’enivraient de beauté, se grisaient de l’inspiration sacrée des poètes, de la gloire rythmée des vers, du parfum des fleurs, de la morbide hallucination des formes adorables de la chair, de leur propre jeunesse…

Le roulement sourd d’une voiture sur l’avenue de Villiers les rappelait de leur extase ; leurs sensations alors se décuplaient dans la félicité de s’extérioriser ainsi des banales ambiances et de vivre des minutes, des heures, où leur esprit atteignait les limites ultimes du ravissement en la divine beauté…


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Quand, avant de se rhabiller, Luc rejetait les vêtements qui l’avaient fait un instant demi-dieu, il restait nu avec les bracelets précieux serrés à ses beaux bras de clair ivoire que les veines injectaient d’azur. Ses pieds se moulaient en les indécentes sycionias des Romains efféminés, la pourpre molle dont elles étaient faites, lamellée d’or, adhérait aux jambes dont la rondeur était, sur le cercle de cuir écarlate fermé par un camée, d’une absolue pureté. Des fleurs saillaient encore à ses tempes caressées de boucles en