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Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/78

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PARTENZA…

de ses heures. On dirait la clameur de quelque chose de vivant qui pleure d’une voix chaque jour plus cassée l’éloignement, chaque jour, chaque heure, plus grand, du temps où la vie s’écoulait aimable et douce dans les palais de marbre peuplés de dames aux vêtements raides et dorés suivies, la main dans la main des chevaliers aux gestes alourdis d’armures, par les pages court-vêtus, emprisonnés, sveltes et élégants, dans les soieries chaudes et les blasons brodés ; figures invraisemblables de vieux missels enluminés de pourpres, de vermeils et de mauves, qui ont existé pourtant et dont les ombres s’agitent aux carrefours, entre les vicoli de Gênes, parmi les buées d’or du midi radieux : pâleur des visages de femmes, force mâle des grands aventuriers, effronterie charmante des pages effilés, grâce mutine de leurs beaux yeux las d’une innocence qui leur pèse.

Gênes étincelle, et puisque nous devons bientôt la quitter, qu’au moins restent dans nos regards ses blancheurs assises au fond du golfe de verdure ; l’enivrante vision de ses palais de marbre, de ses rues belles comme des basiliques, le soir, quand s’allument, pareilles à des chapelles, les vitrines des marchands ; de ses ruelles étranges où chantent des voix berceuses et puériles, où semblent revivre quand même, malgré l’envahissante banalité du présent, les poétiques agitations du passé, tellement que, à chaque pas, la foule disparue semblait me suivre, sur chaque pierre découpait ses ombres grandioses, partout étalait le rutilement de ses splendeurs, les raffinements de sa magni-