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Page:Adam (Lamber) – Païenne, 1883.djvu/158

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J’ai enveloppé laborieusement mon cœur de bandelettes pour fermer sa blessure. Ainsi comprimée, j’ai cru moins souffrir. Vous m’arrachez mes bandelettes, et me voilà de nouveau le cœur ouvert. Il me semble que vous me faites mal en m’aimant encore.

Votre silence m’eût mieux servi dans la victoire que je voulais remporter sur votre amour et sur moi. Depuis avant-hier, je redevenais lentement et sûrement libre. Je me reprenais à vous préférer ce grand orgueil que vous aviez, dans nos premières heures d’amour, si triomphalement vaincu. Je revivais seule en mon oubliée nature. Je retrouvais la douceur du rêve isolé. J’avais la pensée simple, émanation intime de l’être qui monte et s’élève jusqu’au mystère divin. La sérénité païenne rentrait en moi. Je n’étais plus attirée, conquise,