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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/174

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a ! Tu sais : mon grand-père, le général Lyrisse, il s’est battu contre les anglais avec le maréchal Soult… mon oncle Edme est prisonnier à Grodno, tu sais ? En Russie ; et mon oncle Augustin en revient. Il est colonel dans la garde, à présent… nous allons le voir passer avec le roi ! N’est-ce pas, ma tante ? émile était un peu vain de son père, qui, prétendait-il, avait, lui seul, rappelé le roi en France. ― ah ! ― fit Omer, mal enclin à chérir ce petit homme trapu. Cependant la voix cassante du comte proposait à un long vieillard des opinions que l’autre éludait, auxquelles discrètement il opposait une moue, un geste caressant l’air. Les deux garçons inspectèrent les murs de l’officier bonapartiste. Ce n’était que panoplies et gravures de batailles. Orgueilleux de l’amitié de son cousin, Omer n’osa dire que cela le divertissait à peine. Il entendit sa mère vanter le chapeau à la prussienne de tante Aurélie, lequel était haut, conique et pourvu d’un plumet retombant sur le galon. Mme De Praxi-Blassans répondit par des sourires indifférents ; elle semblait désireuse de chuchoter à l’oreille de Virginie telles choses graves ou tristes, qu’annonçaient les soupirs de sa poitrine et les regards éperdus de ses yeux au plafond. Ensuite elles décrivirent leurs maladies. Pour une affection du foie, Mme Héricourt pressait du citron dans son breuvage. Elle ne pouvait se tenir debout à la fenêtre, tant son ventre lui pesait. Les vapeurs étaient le lot de la baronne qui léchait, en minaudant, sa cuiller à sorbet… mais la rue chanta : vive Henri Quatre ! vive ce roi vaillant ! ce diable à quatre a le triple talent de boire et de se battre et d’être vert-galant… les