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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/250

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l’oncle qui pesait la gorge de la jeune fille, Omer se jugea bête. Par chance, la dame l’embrassa tout à coup. ― ce petit est à ravir ! Dit-elle. Un parfum de chair musquée, un roulis de la gorge épaisse et demi-nue contre son torse le grisèrent. Il ne voyait plus qu’une femme trouble et vacillante ; elle disait : ― il faut que je vous montre mes gravures. Elle tenait la main tremblante et qu’il fut honteux de sentir moite. Elle l’entraîna dans le salon. Quand ils y furent, la porte se referma bruyamment : farce du capitaine et d’Herminie qui riaient. Leurs pas s’éloignèrent, en craquant sur le sable. Omer resta stupide, souriant, près de la femme qui jetait son écharpe : ― Hyppolyte, je gage, n’était pas plus joli que vous : et Phèdre eut bien raison de l’aimer… venez voir ma chambre… par ici… j’ai le tableau pendu là… tenez… Hyppolyte renversé, le pied retenu dans un char antique, allait mourir joliment, tandis que deux chevaux impétueux se cabraient au milieu de vagues rejaillies en gerbes. Le héros avait une chevelure noire et bouclée, des jambes où se marquaient tous les muscles. L’hôtesse avertit : ― il y a un reflet, à cause de la fenêtre… asseyons-nous. Omer appréhenda qu’elle ne voulût en venir aux actes de luxure : le sang fut plus sonore dans ses oreilles ; puis il s’estima fou de songer à de pareilles choses. Il eût voulu cependant tâter la poitrine olivâtre : la chair émergeait du décolletage avec la respiration, puis sombrait à nouveau dans l’étoffe… ― avez-vous déjà sacrifié sur l’autel de l’amour, ô mon Bel enfant ?… laissez-moi vous embrasser ; vous voulez ?… il