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Page:Adam - L’Enfant d’Austerlitz (1901).djvu/432

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siège drapé de vert sombre ; c’était le trône d’un gras automédon, poudré, sous les cornes du chapeau en bataille.

La portière claquée, le chasseur juché debout à l’arrière, le porche franchi, M. De Praxi-Blassans recommença d’émettre ses instructions.

― Vous savez, je suppose, que Sa Majesté fait partie de la Congrégation, et que M. Le comte d’Artois en est le membre le plus actif, que mon maître, le duc Mathieu de Montmorency (illustre dans le peuple pour avoir demandé l’abolition des privilèges le 4 août, erreur dont il est bien revenu, grâces à Dieu), en est le Préfet, que j’en suis le Vice-Préfet, qu’Alexis, marquis de Noailles, en est le lecteur, que d’autres personnes considérables occupent les dignités de Portier, de Sacristain, de Vice-Sacristain, de Secrétaire. Il importe que vous fassiez là vos débuts dans les affaires ecclésiastiques. On vous surveillera incessamment. Des gens inconnus de vous écriront à leurs supérieurs sur votre conduite particulière. Ne gênez point pour cela votre vie. Mais que vos fredaines soient discrètes et de bon genre. Rien ne vous nuirait plus que cette humilité des actes qu’on vous prêchera. Si l’on vous contraint à des manières respectueuses, feignez de le souffrir difficilement. Si l’on vous commande, obtempérez aussitôt ; mais, le devoir accompli, ne manquez pas d’avancer quelques critiques arrogantes. Votre origine roturière vous condamnerait à l’insolence de ce monde, si vous ne preniez d’abord l’air d’être déçu par sa médiocrité réelle, après en avoir attendu d’éblouissantes lumières. Acceptez le joug, mais faites paraître que vous le savez porter, la tête droite.

« Le hasard exige que j’aille courir en Autriche et en Lombardie, avec notre plénipotentiaire. Le général Héricourt vous conseillera. Il est bon que vous logiez en son hôtel dès demain, puisqu’il vous l’offre. Ayez