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Page:Adam - Le Serpent noir (1905).djvu/39

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LE SERPENT NOIR

pour introduire une question relative à Keryannic et aux hôtes accueillis dans le domaine : le pharmacien de Quimper ne m’avait-il pas dit qu’on pouvait y prendre pension ? Mme Goulven s’empressa de m’inviter. Au second étage, deux chambres, avec balcon sur la mer, étaient libres. Aussitôt elle traita la question de prix, et avec peu de cupidité. Poliment, je feignis de me laisser tenter. Sans doute, la propriétaire appréhendait de savoir sa bourse vide, car elle se félicita vivement de sa chance. Je lui représentai cependant qu’il me fallait courir les routes, quelques jours encore, pour les intérêts de l’Iode Guichardot. Ensuite je profiterais probablement de cette bonne hospitalité. Avant toute décision, il m’importait d’apprendre mieux la valeur exacte des travaux poursuivis par le docteur.

Il pleuvait moins rudement. Une simple bruine effleurait nos manteaux et nos figures. Mme Goulven me quitta pour se joindre aux fidèles qui s’agenouillaient à la file sur les marches. Dès lors je pus entretenir le docteur sérieusement. Après quelques fantaisies de haute spéculation, son langage me parut moins chimérique. Nous revînmes vers la grande place. Je lui fis entendre que la Compagnie des Produits pharmaceutiques encourageait parfois les études sérieuses, avant même qu’elles eussent atteint la phase des résultats.

Il m’avait d’abord parlé brièvement, comme pour se débarrasser de mes questions, non toutefois sans céder à l’instinct de me convaincre. Il changea de ton dès que je lui eus fait entrevoir la possibilité d’un bénéfice. Précipitamment, il passa le bras sous le mien. Sa voix, devenue saccadée, m’expliqua les