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Page:Adelswärd-Fersen - Le baiser de Narcisse, 1912.djvu/99

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CHAPITRE XVI



Le bois reposait mystérieux et tranquille, car le jour n’était pas encore venu. Par instants, des souffles de vent passaient avec un bruit soyeux à travers les cimes des pins, apportant, mêlé à leur haleine, le murmure des vagues proches. Et l’orient pâlissait.

Couverts d’une peau rustique prêtée par un chevrier, Milès et l’inconnu dormaient. Leurs pieds souillés d’égratignures et de poussière disaient la course pénible qui avait suivi leur fuite de l’amphithéâtre. Marchant à travers la campagne rocheuse, grappillant des airelles et les baies brunes des myrtes, se cachant au moindre appel, ils étaient arrivés, à la lueur des étoiles, devant la mer. Quelque temps ils restaient sur la grève déserte, où venait mourir le reflux avec un bercement sonore. Ils attendirent que passât une trirème ou quelque barque de pêche. Ils héleraient, ils supplieraient. On viendrait à eux pensant à un nau-

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