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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/107

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du glacier, les blocs sont souvent d’une roche différente de celle des parois de la vallée, il suffit de remonter la moraine pour être sûr de retrouver l’endroit d’où ils se sont détachés (voy. Chap. XII Du mouvement des glaciers).

Parmi les nombreux agens qui enlèvent ainsi une quantité de blocs aux parois qui encaissent les glaciers, on cite particulièrement la pluie, la neige, les avalanches, la foudre, en un mot l’ensemble des agens atmosphériques ; cependant le plus actif de tous est sans contredit le gel. L’eau en se congelant dans les fentes et les fissures des rochers, se dilate et désarticule en quelque sorte les joints entre lesquels elle s’introduit. Cette action désorganisatrice est d’autant plus sensible, que les variations de température sont plus considérables, ou plutôt que les oscillations de température entre + et −0° sont plus fréquentes. Les lieux où la température moyenne est d’environ 0° doivent par conséquent être le plus sujets à de pareilles dégradations ; et c’est ce qui nous explique pourquoi le fond des vallées inférieures des Alpes, alors même qu’elles sont encaissées dans des parois très-hautes et très-escarpées, n’est point recouvert d’autant de blocs que le bord et la surface des glaciers des hautes Alpes.

La nature de la roche exerce aussi une influence très-marquée sur la formation des moraines : les roches fissiles et diversement stratifiées se désagrègent