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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/294

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des éruptions survenues dans la chaîne des Alpes, tandis qu’il attribuait ceux qu’on trouve dans l’intérieur des chaînes à des éruptions de gaz, occasionnées par l’enfoncement des couches qui auraient formé les vallées. De Saussure a déjà fait remarquer tout ce que cette hypothèse a d’invraisemblable, et l’étude des phénomènes de soulèvement l’a rendue complètement inadmissible. « Les naturalistes savent bien, dit-il, que les granits ne se forment pas dans la terre comme des truffes, et ne croissent pas comme des sapins sur les roches calcaires »[1] De Saussure démontre également l’impossibilité d’une projection des blocs à travers les airs ; « car, dit-il, des masses d’un poids aussi énorme, venant d’aussi loin que le centre des Alpes, et par conséquent par une trajectoire prodigieusement élevée, auraient fracassé les rochers et auraient formé des enfoncemens considérables ; mais, au contraire, elles ne reposent que sur la surface du roc, et ne le touchent que par un petit nombre de points. Leur chute au travers de l’air, ne fût-elle que de la hauteur de 8 à 10 pieds, aurait produit des excavations sur un roc calcaire qui n’est même pas des plus durs dans son genre »[2]. À ces objections, M. L. de Buch en a

  1. Voyages dans les Alpes, Tom. 1, p. 136, § 219.
  2. Voyages dans les Alpes, Tom. 1, p. 142, § 227. ― Il est ici question des calcaires du Salève qui appartiennent à l’étage jurassique supérieur. Le raisonnement de Saussure s’applique à bien