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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/296

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parlent en faveur d’un transport lent et paisible, analogue à celui qu’effectuent, de nos jours, les glaciers de nos Alpes.

Nous venons de voir (p. 284) que les blocs erratiques du Jura reposent généralement sur une couche de galets et de cailloux, intermédiaire entre eux et la surface du sol, qui est habituellement polie et striée ; que ces cailloux sont très-arrondis et entassés de telle façon que les plus gros sont en haut, tandis que les plus petits, qui passent à un fin sable, occupent le fond et reposent immédiatement sur les surfaces polies. Cette disposition, qui est constante, s’oppose par conséquent à toute idée d’un charriage par des courans ; car, dans ce dernier cas, l’ordre de superposition des cailloux arrondis serait inverse. D’un autre côté, si l’on se rappelle que les glaciers actuels montrent à leur base une couche tout-à-fait semblable, qui est intermédiaire entre la glace et le fond (la couche de boue ou de gravier, voy. p. 184) ; que cette couche est l’instrument qui sert encore de nos jours à polir et à strier les rochers sur lesquels repose le glacier, nous serons naturellement conduits à assigner une origine semblable à ces cailloux et à ce fin sable qui accompagnent les blocs erratiques, du moment que la présence des glaces nous sera démontrée par d’autres faits.

La présence d’un fin sable à la surface des roches polies nous prouve en outre qu’aucune cause puissante n’a agi, ou qu’aucune catastrophe importante n’a at-