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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/308

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Jusqu’ici rien ne prouve cette élévation extraordinaire des Alpes. Nous avons d’ailleurs vu, en traitant de la forme actuelle des glaciers, que leur longueur dépend moins de la hauteur des cimes auxquelles ils se rattachent, que de la disposition des mers de glace qui les alimentent. De plus, si les blocs erratiques étaient réellement des moraines poussées en avant par un immense glacier, ils devraient former des remparts comme les moraines terminales de nos jours, et si c’étaient des moraines latérales, ils devraient être alignés sur deux rangs, ce qui n’a pas lieu[1]. Enfin, et ceci

    « L’effet d’un soulèvement à une aussi grande élévation au-dessus de la mer a dû opérer un grand changement dans la température du climat de ces contrées. Le climat propre à produire des chamærops a dû devenir semblable à celui du nord ; l’atmosphère se refroidissant, les Alpes ont dû se couvrir de neige qui, descendant sans cesse dans les vallées, y ont formé ces vastes glaciers, qui peu-à-peu ont envahi les plaines au pied des Alpes, et poussé leurs moraines jusqu’au faîte du Jura. Ces glaciers ont dû diminuer et se retirer à mesure que l’affaissement général, dont je viens de parler, a eu lieu, et, par ce fait même, les Alpes, la Basse-Suisse et le Jura ayant diminué d’élévation au-dessus de la mer, leur climat s’est peu-à-peu réchauffé, et a pris enfin la température qu’il présente maintenant. » ― J. de Charpentier, Notice,  etc., p. 18. Annales des Mines, Tom. 8.

  1. Il existe cependant de véritables moraines dans le Jura, dont personne n’a encore parlé, et qu’il faut distinguer des blocs erratiques. Dans ces moraines, qui ne s’observent que sur les plus hautes sommités des chaînes jurassiques, les blocs sont usés comme ceux des moraines des Alpes, et il est évident qu’elles proviennent d’une époque où le Jura a eu ses glaciers propres. Les plus dis-